Des Caraïbes aux caféiers de la Colombie

De la côte Caraïbes à la région des caféiers, la Colombie, pays de contrastes !

Après avoir exploré le Yucatan sur plus de 2500 Kms, après avoir découvert la côte Caraïbes et une partie de la côte Pacifique du Costa Rica (péninsule d’Osa), après avoir arpenté du nord au sud le Panama grâce à la célèbre Panaméricaine, nous aurions bien voulu poursuivre notre périple par la route jusqu’en Colombie.

Malheureusement, la frontière entre ces deux derniers pays ne peut pas être franchie par voie terrestre. Deux alternatives s’offrent donc à nous :

– Prendre un avion depuis Panama City.
– Prendre un catamaran pour effectuer une croisière dans les Caraïbes de 4 jours à destination de Cartagena de Las Indias.

Carthagène

Étant pressés de découvrir cette nouvelle destination, nous avons choisi la première option en prenant un vol pour « la perle des Caraïbes » : la célèbre Carthagène des Indes, plus communément appelée Carthagène.

Avec la Colombie, nous changions diamétralement de registre par rapport aux autres pays que nous venions de visiter dans notre périple en Amérique Latine (Mexique, Costa-Rica, Panama). Avec près de 1 142 000 Km² et 49 millions d’habitants (à rapporter aux 643 800 Km² et aux 67 millions d’habitants de la France), la Colombie est avant tout un grand pays, relativement peu peuplé avec une moyenne d’âge située entre 28 et 30 ans (répartition hommes/femmes), une espérance de vie de 75 ans et demi (peu éloignée de la France, située à environ 82 ans) , auquel nombres de clichés et de mythes sont attachés : pays du café, des émeraudes, des cartels de drogue, des guérillas ou encore de la mythique citée Eldorado…

Sortant d’environ 50 ans de guerre (ou guérillas), la Colombie est un pays qui a tout point de vue est en pleine reconstruction et mène de front beaucoup de chantiers (au sens propre, comme au sens figuré) afin de regagner la place qu’elle mérite en Amérique du Sud. Énonçons-le clairement, la Colombie peut plaire ou déplaire, ou plutôt vous serez charmé par certains de ces aspects et déçu ou choqué par d’autres mais, en tout état de cause, elle ne vous laissera pas indifférente ! Elle n’est pas parfaite, à l’image de l’humanité mais elle possède nombres d’atouts et un caractère authentique pour vous séduire…

Caraïbes

Dotée d’une géographie particulièrement variée où les plages des Caraïbes croisent l’aride Sierra Nevada, de la Cordillère colombienne (commencement de la célèbre cordillère des Andes) aux paysages et climats variés, en passant par l’inhospitalière jungle du Darien et du Choco, de la côte pacifique et de l’Amazonie encore méconnues de beaucoup, la Colombie est dotée de nombreux atouts pour séduire.

Depuis les accords de paix signés en 2016 (qui valurent le prix Nobel de la paix au président colombien de l’époque Juan Manuel Santos) avec beaucoup de difficultés et 4 ans de négociation avec les FARC, la Colombie tente de se reconstruire tout en voulant changer son image. Les premiers résultats, au niveau de l’économie nationale, semblent encourageants et laisse entrevoir un bel avenir à ce pays qui le mérite vraiment.

C’est avec ces pensées que nous débarquons à Carthagène, plein d’allant pour aller découvrir ce joyaux du patrimoine colombien… Nous n’allions pas être déçus, dans tous les sens du terme !

En premier lieu, Carthagène est constituée de quartiers très différents et disparates les uns des autres. Le centre historique, haut-lieu d’une activité touristique foisonnante, justifie tout à fait sa réputation. De magnifiques petites rues, bordées d’imposants bâtiments ou de charmantes maisons coloniales ne peuvent que séduire. Bien évidemment, certains peuvent être déçus d’un manque d’authenticité du fait d’un commerce très orienté sur le tourisme. Mais, il est difficile de concilier un tel attrait touristique depuis fort longtemps avec de l’authenticité.

marché Bazurto

En revanche, l’un de nos premiers chocs arriva, lorsque sortant des parcours classiques, nous décidâmes d’aller découvrir le marché Bazurto, situé à quelques kilomètres du centre historique. Habituellement, nous affectionnons ces lieux populaires, conviviaux et authentiques. Malheureusement, le marché Bazurto se révéla à nous comme un lieux insalubre où les stands de poissons mal odorant côtoient les étals de viande guère plus attrayants et les vendeurs de fruits et légumes.

Tout ceci parmi les rats et autres détritus jonchant le sol, les abords de se marché étant le fief d’une population plus ou moins indigente à l’opposé des quartiers touristiques de la ville. Le contraste était saisissant ! Ce fut le premier d’une longue liste. Nous allions découvrir au fil de notre découverte que la Colombie présente ces deux facettes de manière très marquée. Encore une fois, nous repensons à la difficulté de ce pays à sortir de cette guerre qui l’a exsangue. L’étendue des chantiers à accomplir pour amener ce pays au niveau qu’il mérite est immense. Mais le travail est déjà en court, le pays tout entier semble en action pour rattraper ce retard !

Coveñas, Rincon del mar et San Bernardo del Viento

Ce contraste, nous allions le retrouver sur la côte sud Caraïbes en direction de Coveñas, Rincon del mar et San Bernardo del Viento où nous avons traversé, chemin faisant, des villages extrêmement pauvres, où l’authenticité est synonyme de misère, avant de retrouver des stations balnéaires moderne (Coveñas et sa base navale) ou des villes plus développées (San Bernado del Viento) du fait de la proximité de la mer.

Santa Marta

La côte nord Caraïbes de la Colombie présente aussi cette même disparité notamment entre Baranquilla, la ville portuaire industrielle très développée, célèbre pour son carnaval (le 2° plus important d’Amérique latine) , Cienaga et ses « bidon-villes » longeant la route sur des kilomètres, Santa Marta et ses quartiers luxueux de Rodadero et les quartiers populaires proches du port par exemple.

Palomino

Le petit village de Palomino, non loin du parc Tayrona, l’un des parcs naturels les plus visité d’Amérique du sud, et de Riohacha à l’entrée du désert qui se jette dans la mer des Caraïbes , est à l’exemple de la Colombie en pleine mutation avec sa zone hôtelière en pleine expansion grâce à des investissements privés étrangers ou venant des grandes villes colombiennes.

Medellin

Le contraste, avec la Caraïbes, est aussi saisissant lorsque nous nous sommes rendus à Medellin (que les locaux prononcent « mets des jeans »), deuxième ville du pays avec plus de 3,4 millions d’habitants et éternelle rivale de la capitale Bogota.

Loin de ce que nous avions vu sur la côte (et avec un climat très différent car plus humide et plus frais, surtout en soirée où les 16° sont habituels), entourée d’imposantes montagnes, contreforts de la Cordillère des Andes, nous avons découvert une ville structurée aux multiples monuments, moderne avec ces gratte-ciels, ses quartiers variés et souvent intéressants, ses parcs thématiques, son métro moderne (véritable colonne vertébrale, traversant la ville de part en part, du nord au sud), ses téléphériques (dénommés « Metro-cable »), ses majestueuses églises ou cathédrales faisant face à des bâtiments populaires, etc… la liste est longue et non-exhaustive ! Cherchant à fuir son passé sulfureux de violence liées aux narco-trafiquants, Medellin est une ville à l’activité débordante qui n’est devenue touristique que voici quelques années.

Elle vous séduira par ses nombreux attraits et particularités qui ont séduit nombres d’européens qui s’y sont même installés. De la célèbre « Zona 13 » avec son passé douloureux qui a vu l’émergence d’un « street art » cherchant à garder en mémoire et à témoigner des souffrances passées, au quartier hyper-touristique et festif du « Poblado » en passant par le centre historique avec sa place Botero et ses cathédrales, cette ville peut également vous mener via une de ses lignes téléphériques à la réserve naturelle du parc Arvi.
Rien que pour la vue panoramique, cela mérite d’être fait !

Guatapé

Cette grande diversité qu’offre Medellin est rare à retrouver regroupé en un même endroit. La région environnante, en pleine cordillère colombienne, est tout aussi variée avec ces superbes villages typiques. Le premier que nous découvrîmes, fût celui de Guatapé, juché sur une colline, avec ces ruelles bordées de petites maisons aux façades pimpantes et décorées de motifs aux couleurs vives. L’histoire de ce village, qui fût englouti à la fin des années 70 par le lac hydro-électrique del Pinol et qui s’est entièrement reconstruit un peu plus haut pour devenir un village touristique, est intéressante. Un gigantesque rocher tout proche assure un attrait tout particulier avec une ascension qui s’effectue grâce à un escalier de 720 marches.

Ce village est un haut lieu touristique mais aussi un lieu de villégiature pour la bourgeoisie urbaine colombienne qui a investi les berges de ce lac avec de somptueuses villas de standing. En se dirigeant plus au sud dans la région des caféiers, nous avons aussi découvert deux villages tout aussi beaux.

Jardin

Le premier village se nomme « Jardin« , niché au fond d’une vallée sauvage et dont il constitue le seul village, est en passe de devenir un incontournable du tourisme rural avec ses maisons typiques et son église au style original. De nombreuses randonnées à son départ dans les montagnes environnantes attirent les randonneurs de tout horizon.

Jerico

Le deuxième se nomme « Jerico » et fût un très gros coup de cœur pour nous car il a su conserver toute son authenticité. Ayant la particularité de posséder 17 églises dont deux particulièrement magnifiques, ce petit village situé dans les hauteurs des montagnes, affiche clairement son côté rural où il est habituel de croiser  des paysans à cheval se rendant au centre du village pour faire leurs achats ou prendre un peu de bon temps dans un bar en fin de semaine. L’ambiance « western » n’est pas loin surtout que le port du chapeau colombien est courant. A environ deux heures de Medellin, le contraste est encore une fois saisissant !

Salento

Continuant notre route, nous découvrons le village pittoresque de Filandia et le célèbre village de Salento avec le non-moins célèbre parc de Cocora et ses palmiers de cire.
Nous avons eu la chance de pouvoir dormir dans une finca coloniale de plus de 150 ans et qui a été reconverti en hôtel. Se nommant « Villas Venecia« , cet hôtel que nous recommandons fortement pour son accueil et son originalité, offre à la vue un superbe panorama bucolique, à quelques minutes en voiture de Salento.

Cocora

Bien évidemment, la visite du parc Cocora et de ses immenses palmiers de cire fût l’un des moments forts de la découverte de ce pays. Au final, nous aurons arpenté une partie du pays en sachant que nombre de régions nous restaient inconnues (la région de Bogota, la côte pacifique, le sud du pays, la zone amazonienne, etc…). Il est impossible de tout voir en un seul voyage (heureusement ?) et, il appartient à chacun de faire ses découvertes et son parcours, telle une quête initiatique.

Néanmoins, nous avons pu nous forger une opinion et une vision d’ensemble sur ce pays, ce qui est le plus important. Dotée d’une riche diversité de paysages, entre la Caraïbe et les montagnes, d’une variété de lieux authentiques ou historiques, d’une population aux origines diverses mais à la gentillesse et à l’accueil unique, la Colombie est un pays, loin de tous les clichés qui, aujourd’hui, appartiennent au passé, qui vous séduira sans aucun doute pour la somme de tout ce qui la constitue et la rend si attachante. Un pays qui marque les esprits et transforme un séjour Colombie en un moment fort de la vie.