Revue de Presse – Le Nicaragua dit non au grand canal – Libération le 22 décembre
Menacés d’expropriation par ce chantier pharaonique, de nombreux paysans ont pris le risque de la dissidence à l’égard du
L’ancien comandante sandiniste Daniel Ortega, aujourd’hui président du Nicaragua et désormais le meilleur ami des multinationales et des millionnaires de son pays, ne s’attendait sûrement pas à cela : alors que le premier coup de pioche vient d’être donné pour les travaux de son «mirifique canal» confiés à une firme chinoise, le petit pays centraméricain est en ébullition.
Depuis septembre, on recense 15 marches paysannes contre ce projet mégalomaniaque qui prétend percer dans l’isthme une route de 278 kilomètres, dépasser en taille le canal de Panama, créer 50 000 emplois d’ici sa prétendue mise en œuvre en 2020 et, dans cette nation sous-développée où 42% de la population se situe sous le seuil de pauvreté, «résorber le fléau de la misère». Ni plus ni moins.
Pourtant, beaucoup de Nicaraguayens ne s’en laissent pas conter. Certains estiment que ce projet d’environ 40 milliards d’euros est une histoire à dormir debout dont le but non avoué est de développer des projets parallèles (ports en eaux profondes, complexes touristiques…) pouvant rapporter des millions de dollars à ses instigateurs, dans le grand mépris de la légalité. Dans le flot des rumeurs, des réactions rageuses se manifestent. Le 10 décembre, dans les rues de Managua, des milliers de paysans du sud du pays battaient le pavé pour dénoncer «un négoce privé entre la clique des Ortega et les Chinois» . Un des leaders paysans, Orlando Rodriguez, n’hésitait pas à proclamer: «Ce que nous voulons? Le départ des Chinois. Le président Ortega est un capitaliste sauvage qui veut nous ruiner».
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